Peinture Gourousi avec la famille Karfo

Publié le par Marie

Sirigu, Tiébélé, Burkina Faso, printemps 2012 - Merci à la famille Karfo!

En voyageant vers le sud du Burkina Faso, on peut voir sur les maisons des peintures murales caractéristiques, avec trois couleurs : rouge, noir et blanc. J'ai voyagé à Sirigu, au Ghana, pour découvrir cet art, puis à Tiébélé et à Zecco au Burkina Faso, en pays Gourounsi.

Il existe à Sirigu depuis 2001 un centre nommé SWOPA (Sirigu Women Organization for Pottery and Art), qui a pour objectif de transmettre cette culture. Ce centre se situe à mi-chemin entre le musée et la coopérative artisanale. Un groupe de femmes peintres s'y est constitué, et est régulièrement sollicité pour décorer des murs dans le village. Il y a des ateliers poterie, vannerie, et peinture, un espace d'exposition et d'accueil du public, une boutique artisanale. Un livret explicatif a également été publié. Les artistes sont surtout des femmes âgées, et elles percoivent une rémunération proportionnelle à leur travail. Des touristes du monde entier visitent le centre, où Koffi Annan est passé.

J'ai rencontré Elias, qui, passionné par cette forme d'art, a passé du temps à me montrer les pigments naturels utilisés, et a réalisé une toile devant moi, pendant que je l'imitais sur papier. Il m'a également fait visiter la cour où il vit, qui a été décorée traditionnellement à la peinture et en relief. J'ai vu sur la route de nombreuses maisons peintes de cette manière. De nos jours, l'usage de la peinture acrylique remplace peu à peu les pigments naturels, car elle est réputée plus vive et plus durable. Cependant l'acrylique se détache par plaques au bout de deux ans car elle adhère mal sur les murs en terre... La peinture traditionnelle aux pigments, elle, s'efface petit à petit avec la pluie et le soleil , et doit être entretenue tous les trois ans environ.


A Tiébélé, on peut visiter la cour royale, groupement d'une trentaine de cours construites autour de cases-mères et décorées traditionnellement.

Cette cour royale est classée au patrimoine mondial par l'UNESCO. L'Association Djawolim pour le Développement gère les visites, formant des guides locaux, et aide à la conservation de ce patrimoine communautaire. En effet c'est un lieu de vie et non un musée, on n'y pénètre pas seul. La visite a été très intéressante, non seulement pour la qualité des peintures des femmes Kasséna et les informations culturelles données par le guide, mais aussi pour l'architecture traditionnelle en terre, très fonctionnelle et agréable au regard. Dans le livret explicatif, j'ai remarqué des variations dans l'interprétation des motifs que l'on trouve aussi à Sirigu. En effet cette culture n'est pas figée, et se développe différemment selon le contexte. Les techniques utilisées ne sont pas les mêmes qu'à Sirigu : les femmes peintres utilisent également du goudron pour le noir. Moins écologique...

J'ai accompagné Baba, un habitant de Zecco, pour la peinture des murs du futur centre culturel (musique et danse) qu'il y construit. Il m'a montré où trouver de la latérite rouge en creusant, et quelqu'un nous a donné du noir et du blanc. Ces pigments se trouvent facilement un peu partout en saison sèche, mais comme la végétation avait poussé, c'était à ce moment plus difficile de s'en procurer. Nous avons broyé les cailloux avec mortiers et pilons, puis à la meule. On obtient différentes nuances selon les cailloux. Ensuite, on mélange simplement la poudre avec de l'eau.

Une femme très âgée nous a spontanément montré la marche à suivre : d'abord on peint tout le mur en rouge jusqu'aux arêtes, puis on trace au fur et à mesure les motifs traditionnels en noir. On peut ajouter ensuite le blanc, en faisant attention à ne pas faire trop de coulures, puis on vernit avec le jus des cosses de néré bouillies. J'ai suivi son exemple, et des jeunes sont arrivés, nous avins peint à plusieurs avec Baba, dans un style libre. Lorsqu'ils voyaient sur les livres que j'avais apporté les œuvres de Tiébélé et Sirigu, ça motivait les jeunes et leur donnait envie de s'essayer à la peinture.

Peinture Gourousi avec la famille KarfoPeinture Gourousi avec la famille Karfo
Peinture Gourousi avec la famille KarfoPeinture Gourousi avec la famille Karfo
Peinture Gourousi avec la famille KarfoPeinture Gourousi avec la famille Karfo
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article